lundi 2 juin 2014

Deux sortes d'hommes

  Deux sortes d'hommes (parmi la multitude des catégorisations imaginables) : ceux qui ne pourraient concevoir de pire supplice que de se voir en permanence infliger leur reflet ; ceux qui se délecteraient d'avoir toujours un miroir à la main. (Ceci dit sans préjuger de la beauté des uns ou des autres).

5 commentaires:

  1. Gengis Khan, en voyant son atroce visage dans un miroir, se met à pleurer. Nasr Eddin se met aussitôt à fondre en larmes. Le Boiteux Terrible s'exclame : "Cesse-donc de pleurer, bouffon ! Ce n'est pas toi qui porte un visage aussi laid." Alors Nasr Eddin lui répond : "Vous ne comprenez pas ! C'est moi qui suis le plus à plaindre. Ce visage affreux, vous ne le voyez qu'en passant devant les miroirs ; alors que moi, je l'ai toute la journée devant les yeux !"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Parfait premier commentaire. Mais ce n'était pas Tamerlan le personnage de l'histoire ?

      Supprimer
  2. Homme libre, toujours tu chériras la mer.
    La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
    Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
    Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
    Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets.

    Et cependant voilà des siècles innombrables
    Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
    Tellement vous aimez le carnage et la mort,
    Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

    Charles Baudelaire

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci (avec beaucoup de retard) pour me remettre en mémoire ce beau poème !

      Supprimer

Aucun anonyme ne sera plus publié directement en commentaire.