« Qui verrait nos lettres... il lui semblerait tantôt que nous sommes gens graves entièrement voués aux grandes choses, que nos coeurs ne peuvent concevoir nulle pensée qui ne fût d'honneur et de grandeur. Mais ensuite, tournant la page, ces mêmes gens lui apparaîtraient légers, inconstants, putassiers, entièrement voués aux vanités. Et si quelqu'un juge indigne cette manière d'être, moi je la trouve louable, car nous imitons la nature, qui est changeante.» Machiavel, cité par Guy Debord
lundi 2 juin 2014
Deux sortes d'hommes
Deux sortes d'hommes (parmi la multitude des catégorisations imaginables) : ceux qui ne pourraient concevoir de pire supplice que de se voir en permanence infliger leur reflet ; ceux qui se délecteraient d'avoir toujours un miroir à la main. (Ceci dit sans préjuger de la beauté des uns ou des autres).
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Gengis Khan, en voyant son atroce visage dans un miroir, se met à pleurer. Nasr Eddin se met aussitôt à fondre en larmes. Le Boiteux Terrible s'exclame : "Cesse-donc de pleurer, bouffon ! Ce n'est pas toi qui porte un visage aussi laid." Alors Nasr Eddin lui répond : "Vous ne comprenez pas ! C'est moi qui suis le plus à plaindre. Ce visage affreux, vous ne le voyez qu'en passant devant les miroirs ; alors que moi, je l'ai toute la journée devant les yeux !"
RépondreSupprimerParfait premier commentaire. Mais ce n'était pas Tamerlan le personnage de l'histoire ?
SupprimerAh, oui, tu as raison.
RépondreSupprimerHomme libre, toujours tu chériras la mer.
RépondreSupprimerLa mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets.
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Charles Baudelaire
Merci (avec beaucoup de retard) pour me remettre en mémoire ce beau poème !
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