Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit
Baudelaire, Le Voyage
Il arrive que le temps me passe lentement, péniblement. Il me pèse alors, de tout le poids du sable du sablier ou de l'eau de la clepsydre. Il me faut alors trouver des expédients à l'ennui qui me menace : une chanson, un film...
Mais il arrive aussi que le temps me passe tout seul. Ma vie intérieure (et qu'elle soit riche ou pauvre n'a aucune importance, car c'est à l'aune de ma médiocrité possible que je l'estime) suffit alors à ma félicité. Je vois le soleil dessiner sa course, au son des aiguilles de l'horloge ; l'odeur des saisons m'enivre et le temps qui passe devient palpable. Dans de telles conditions, il me suffit de me mettre en marche ou d'être assis sans inconfort pour être pleinement heureux.
Les livres, lus ou écoutés, l'alcool et la cigarette, la compagnie amicale ou sexuelle, se prêtent admirablement bien à ces situations.
Il semble alors que n'importe plus que ce plaisir particulier, quelque forme qu'il prenne. Le processus et non le résultat., cette chasse immobile et non la prise illusoire. Il semble qu'on pourrait alors laisser la mort venir, sans regrets.
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