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jeudi 25 juin 2015

Le duel qui aura lieu

 A l'intention de Werner von Dequeit
Monsieur,

    Cette fois, vous dépassez les bornes ! Non content d'avoir un succès fou avec les femmes, non content de décliner mon invitation à Amsterdam, non content de vous apprêter à gagner plus d'argent que moi, voilà que vous osez vous moquer de ma production littéraire. La prochaine fois que nous nous verrons, il serait bon que vous me prêtiez un gant (un seul suffira).

    Votre outrecuidance, donc, me contraint à réagir. Je vous propose un duel, renseignez-vous, ce n'est pas la première fois que je le fais (ou plutôt, que je rédige une telle lettre). Mais depuis j'ai grandi, et mûri, et la boxe anglaise ne me suffira pas. Afin de vous vitrifier comme vous le méritez, je préconise un duel au bazooka. Je me les procurerai, nous n'aurons plus qu'à procéder à un tirage au sort des deux armes pour que vous ne m'accusiez pas de tricherie.

    Je ne m'abaisserai pas à répondre à vos remarques infondées. Cela me ferait rire, si ce n'était pas d'un esprit si faux. Sachez, Monsieur, que les esprits faux ne sont jamais ni poètes, ni écrivains, et que vous croupirez donc logiquement dans une médiocrité crasse pour le restant de votre existence.

    Mes témoins seront Yves Bonnefoy et Pierre Michon. Vous pouvez choisir les vôtres (Nabilla et Cyril Hanouna, par exemple, car il est bon que les témoins reflètent en quelque façon la valeur de celui qui les produit).

    Quant au lieu, les bords de l'étang que surplombe le château de Sercy me paraissent bien venus : ce sont mes ancêtres, Monsieur, que vous avez insultés avec votre missive, et c'est à l'ombre de leur prestige que je laverai mon honneur.

    A vous,
    Jérémie Sercy

mercredi 24 juin 2015

A l'ombre de la bêtise (Extrait du message d'un ami qui me connaît bien)

En super bonus, Werner von Dequeit te présente son blog :

  "A L'OMBRE DE LA BÊTISE"  

   Articles, dans l'ordre de parution :

- "pourquoi je suis moins intelligent que le reste des hommes" (100 vues)

- "Batman et Bathmos : comics strates" (93 vues)

- "invitation officielle à dîner pour la blogueuse sofia_licorne_44 qui a laissé un commentaire sur le premier article"

- "Top 2 des articles les plus lus du blog"

- "explications quand au fait que je traite gravement de sujets légers" (17 vues)

- "réponse à celui ayant critiqué mon blog et n'ayant rien compris à sa philosophie générale" (6 vues)

- "Roger-Arnould Rivière déconstruit" (100 267 vues)

- "les trolls, le degré moins un de la bathomologie ?" (3 vues)

- "à celui qui me harcèle anonymement" (16 vues)

- "à l'ombre de la bêtise : progression de 13.5% des vues en un mois !" (1 vue)

- "invitation à faire tomber les masques" (65 vues)

- "pourquoi je suis le maître de l'intelligence mais que j'ose pas le dire" (7 vues)

- "AHAHAHAHAH !" (666 vues)

- "réponse à ceux qui ne comprennent pas le troisième degré" (41 vues)

- "réponse à ceux qui s'obstinent à ne rien comprendre" (1 vue)

- "réponse à ceux qui ne méritent pas qu'on parle d'eux" (2 vues)

- "pourquoi j'interdis désormais tous les commentaires" (7 vues)

- "poème : je suis tombé dans l'esprit de l'escalier" (677 013 vues)

- "amis lecteurs, les commentaires sont ouverts de nouveau !" (2 vues)   

- "les commentaires blessants : comment réagir ?" (2 vues)

mercredi 17 juin 2015

Le Duel qui n'a pas eu lieu

 A dix-huit ans, je tombais amoureux d'une jeune fille, avec qui je formais un couple pendant deux ans et demi, avant qu'elle ne me quitte pour un autre. Dans mes vieux papiers, j'ai retrouvé ce brouillon de message datant de mes vingt-et-un ans, que je comptais envoyer à mon rival, avant de me dégonfler, et que j'ai eu envie de recopier ici... Les maladresses, les références ridicules et le ton sont d'origine.

Monsieur,

je n'ai pas l'heur de vous connaître personnellement mais mon patronyme vous renseigne sans doute suffisamment. Vous m'avez offensé en séduisant et embrassant celle auprès de qui vous aviez passé, avec mon consentement, des vacances en Italie. Je vous écris pour vous provoquer en duel, veuillez considérer ce mail comme le coup de gant que j'aurais du vous asséner, en m'excusant pour ce manquement à l'élégance (qui ne vous choquera sans doute pas néanmoins). Étant l'offensé, je devrais disposer du choix des armes, mais je suis prêt à vous le laisser. L'arme à feu me paraît déconseillée car je ne suis pas un inconscient, et que vous ne l'êtes sans doute pas non plus (quoique ce type d'armes serait davantage envisageable s'il était possible de se procurer les pistolets qu'utilisaient les gentilshommes du XVIIIe siècle, voyez par exemple le film Ridicule. Je dispose chez moi d'un fleuret mais l'arme est à la fois trop inoffensive et potentiellement létale. Dans ces conditions, je préconise la boxe anglaise. Vous êtes libre de proposer autre chose, en évitant des expédients qui, quoique divertissant, nous déshonoreraient tous deux (ping-pong, monopoly, scrabble etc.).

En ces temps où tout s'achète, où les marchands tiennent le haut du pavé et interdisent la violence aux êtres qui acceptent de croupir dans le mépris des puissants, ma demande risque de vous sembler incongrue. Je tiens donc à en préciser les modalités, qui suivront, autant que possible, les canons chevaleresques. Vous pouvez vous documentez. Je vous conseille, en plus du film susnommé, le très bon Mon oncle benjamin ainsi qu'une quelconque version des Trois mousquetaires (que, si vous savez lire autre chose que le jargon anglicisant des commerciaux, vous pouvez même consulter en livre, première partie "l'arrivée à Paris").

Un duel comprend un certain nombre de règles sur lesquels il convient de s'accorder. Techniquement, je vous convie à un "duel d'honneur". Il ne s'agit pas pour moi de ruer dans les brancards, de vous "casser la gueule" en petit-bourgeois mal élevé. Je ne suis pas non plus en train de vous proposer un moyen de choisir qui de nous deux "mérite" celle que vous m'avez prise, elle est actuellement avec vous et je ne cherche qu'à conserver mon honneur.

Vous n’avez plus qu’à vous choisir deux témoins, j’ai déjà les miens. Pour ce qui est du lieu, je suggère soit le parc de l’enfant Jésus à Douai, soit le petit coin en bord de Deûle, entre Lille et Lambersart (près du domicile de votre nouvelle petite amie), entre deux monticules pyramidaux de terre, couverts d’herbe et parfois de fleurs.

Je vous invite à me répondre, ou tout au moins à me donner un accusé de réception si vous ne souhaitez pas me voir me changer en redoutable "spammeur" qui vous enverrait inlassablement la même chose. Sachez, pour finir cette missive, que si vous refusez ce que je vous propose vous n'entendrez plus parler de moi, je ne chercherai pas à vous voir et vous considérerai comme déshonoré. Sachez que l'honneur s'éprouve, Monsieur, et qu'une fois perdu, il est bien difficile de le recouvrer.

Salutations,
Jérémie Sercy

vendredi 14 novembre 2014

Extrait d'une correspondance maniaque : dans la tête d'un fou

Le message qui suit a été rédigé lors d'un "épisode maniaque délirant", en un quart d'heure environ, par un fou qui ne s'ignorait pas tout-à-fait. Il fut interné quelques heures après l'avoir envoyé.
A part les noms, rien n'a été modifié. 
L'auteur de ces lignes est beaucoup moins déplaisant qu'il n'y paraît, lorsqu'il prend ses médicaments tout du moins.


Envoyé le : Lundi 3 octobre 2011 16h24
Objet : Re :


V,

En peu de mots.
- Je suis musulman et innocent
- Je passe de bonnes mains en bonnes mains - en ce moment celles de M, qui s'amuse à cultiver ma frustration
- Je n'ai pas besoin de dormir.
- Un Conte de Noël m'apaise, rassuré que tu l'aies compris
- Je repasse chez Z quand je peux
- Va sur mon mail pour essayer de calmer mon bordel : en ce moment j'emporte qui je veux dans ma chute
- Je suis en train de me ramasser à la petite cuillère
- Il faut apaiser ma mère dès qu'elle commencera à s'inquiéter, mais je crois qu'elle a compris que j'avais besoin de distance.
- Envoie moi le RIB dès que possible. J'ai de belles idées pour me tranquilliser, tu verras
- Si tu veux gagner du temps, comprends que je suis à niveau bathmologique supérieur au temps. Je suis l'homme qui fait grimper les échelons, les degrés : profites-en
- Si je meurs, mon héritage intellectuel est à ta charge. Gère tout : enterrement, mots pour les proches, et textes... Ta discrétion fera merveille. J'ai appris à ne plus voir que les qualités chez les gens. Tu comprendras, mais prends le temps. Manzel be manzel
- Je suis fou mais de plus en plus heureux, et mes points faibles sont visibles. Si je vais à l'asile, c'est les psychiatres qui s'en mordront les doigts. Quand je traverse la rue, c'est les voitures qui ont peur de moi.
- Pour le moment : Zarathoustra, l'Iran etc. Ta religion doit être le tao je pense, alors ne traîne pas. Je suis dans une forme intellectuelle exceptionnelle. Profitez-en. Je suis en feu. Si vous vous tenez à distance, vous serez réchauffés sans brûler, comme le papillon
- Mes mots se finissent en x. Alors fais gaffe. Je peux vraiment tuer qui je veux. Mais prends Chirine et laisse moi Anita. Chirine te rendra meilleur, écrivain, et moi je ferai d'Anita une femme. Mais n'en parle pas à [...]
- Je ne gère plus rien : commence à classer ma production (mails, courriers etc.). Je suis devenu l'anti-RC, mais n'anticipons pas.
- Je suis ternaire. Le binaire, déjà essayé. Trois choix : Asile, Mort, Islam (Zoro)
- Fais gaffe à Hélène, à Armand, à Chirine. Aide moi et laisse moi t'aider. Mon portable est à la poubelle. Il m'est arrivé des choses magnifiques, Nuit de Feu, et tu sais que je n'emploie plus ces termes à la légère, tu comprendras quand j'aurai le temps de t'expliquer.
- Je suis bienveillant posé et lucide. On peut se revoir dès que tu le comprendras. Je n'ai pas encore dégainé. Si je dégaine, Asile Mort ou Prison. Continue à me prendre au sérieux. Ce n'est pas du chantage : je suis embarqué.
- Écris autant que tu veux, mais n'oublies pas que je suis très fier de ce mail, et que sa sincérité est donc celle d'une flèche qui va atteindre le mille. Toutes les femmes vont tomber bientôt, si tu veux en profiter viens avec moi dans les tavernes. Tu m'as fait roi, tu m'as fait qui je suis, profites-en ! Mon réseau comprend désormais la famille de M. Si je meurs, je gagnerai quand même, car tu finiras mon œuvre. Elle peut aller loin. 
- Comprend que je suis dangereux. Il me faut des femmes. J'aurais peut-être aller dû au bordel d’Allemagne, solution que j'assimile à l'asile, mais je crois que les salopes vont se coucher ce soir.
- V, je sais que tout le monde pense à moi. Mes actes suffisent. Je ne t'ai pas dit le dixième des nouvelles choses qui me sont arrivées, et pourtant je sais que tu vas trouver ce mail, écrit le plus vite possible, d'où la liste, impressionnant.

J'y Suis