dimanche 4 mai 2014

Variations personnelles sur un poème de Roja Chamankar

Début

De Téhéran que je dis               J'arrive à la mer
De moi   De toi,
Du ciel que je dis                      J'arrive à la mer

Distancée de la mer que je suis
Que j'oublie,
Que je recommence,                 J'arrive à la mer


Où est la fuite de la mer,
Que toutes mes relations deviennent amoureuses,
S'humidifient   Et se joignent à la mer !


Roja Chamankar, traduction de Behzad Zolnour

   
    De Téhéran on peut arriver à la mer Caspienne, par le nord, et Chamankar nous en indique le chemin. Non pas celui de l'Orient, ni de l'Occident, mais du Septentrion, contrée symbolisant peut-être le calme, avec le froid qui l'accompagne. Il y a deux personnes qui sont impliquées dans ce voyage, l'une d'elle est le poète en personne. Le poète n'est pas seul. L'image du poète solitaire est incomplète : le poète chercher sa muse, ou tout au moins son lecteur.
    Distancée pourtant de la mer, l'oubli est là. Téhéran n'est pas une ville portuaire. Mais elle recommence, l'appel est bien là, auquel il faut répondre.
    La mer, le ciel, et derechef la mer, la mer a satiété. « Tous les fleuves courent vers la mer et la mer n'en est pas remplie » a dit un autre poète. Que l'élément de l'amour y soit l'eau me parait singulier, tant je le vois feu. Mais Chamankar me montre une mer calme. De petites vagues vont mourir sur le sable, et le sable leur survit. J'imagine qu'il faut avoir beaucoup vécu, et par conséquent chercher la paix, pour vouloir une mer d'amour. Il faut vouloir l'amour qui n'a plus besoin d'être douleur pour être authentique.
    Et que toutes mes relations deviennent amoureuses, au sens propre, celui qui n'a jamais eu besoin d'être validé par le mariage ou même sa consommation, celui dont Augustin dit "Aime, et fais ce que veux", qu'est-ce d'autre que de vouloir, enfin, la paix. Loin des proclamations benoites en faveur d'une paix mondiale qui tarde à venir, Chamankar écrit un poème qui en montre le chemin, simplement.

    "Début", in Mes souffles coupés par le milieu, Roja Chamankar éditions Minuscule

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